RETOUR DES INTOXICATIONS AVEC LA SÉCHERESSE
Classique avec le printemps très sec, on observe le retour d'intoxications après l'ingestion d'if ou de galéga, des plantes toxiques.
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LES SAISONS SÈCHES AVEC LEURS CONSÉQUENCES, manque de fourrage ou d'herbe à pâturer, augmentent les risques d'intoxication alimentaires. 2011 n'a pas failli à la règle. Témoin, ce cas rencontré en juin dans l'Yonne : quinze brebis sont mortes après l'ingestion d'un foin récolté sur une parcelle habituellement non fauchée. En cause, une intoxication au galéga, plante que les animaux évitent en général de pâturer, et qui reste toxique une fois fanée… même ingérée en petite quantité. Il suffit de 100 g de galéga sec pour conduire un mouton à une mort rapide par asphyxie et de 500 g pour un bovin. Le galéga n'est pas la seule plante à rester toxique, même desséchée. Pensez-y lors d'un prochain « coup de sec » : avant de faucher une parcelle qui ne l'est pas habituellement, mieux vaut en faire le tour pour identifier les éventuelles plantes suspectes et surtout ne pas les récolter.
Les intoxications par l'if sont aussi classiques les années de sécheresse. Cela avait été le cas en 2003 chez l'un de mes clients. Il avait vu ses bovins périr en 48 heures Les prés où ils pâturaient étaient complètement « secs » alors que des ifs abattus dans un cimetière proche avaient été déposés en limite de clôture. Les vaches qui avaient quand même du foin à manger au pré se sont jetées sur les feuilles fraîches. Résultat : sept laitières sont mortes pour quelques grammes d'if ingéré, aucun traitement n'étant possible.
DES GLANDS DE L'AUTOMNE PRÉCÉDENT, COUPABLES D'UN DÉCÈS
J'ai été confronté en juin à un autre cas d'intoxication, peu commun celui-là en cette saison. En cause : des glands de l'automne dernier. La victime : une génisse de trois ans gestante de trois à quatre mois. Lors de mon intervention, l'animal qui avait maigri et souffrait d'une diarrhée profuse, nauséabonde et légèrement sanguinolente, avait été rentré. Son examen avait révélé une température normale, des muqueuses un peu congestionnées, un début d'oedème sous le poitrail, une inrumination et une légère hématurie (sang dans les urines). La génisse ne présentait pas de signe de corps étranger. Les examens complémentaires (coproscopie, recherche de paratuberculose et salmonellose) s'étaient montrés tous négatifs. Après perfusions et administration per os de produit pour relancer l'appétit et la rumination, elle avait semblé aller légèrement mieux pendant quelques jours mais son état s'est ensuite rapidement détérioré, jusqu'à la mort en une dizaine de jours. C'est son autopsie qui a vraiment permis d'orienter le diagnostic. La panse contenait des morceaux de cupules de glands. Les lésions associées évoquaient une intoxication par consommation de glands ou de jeunes pousses de chêne (congestion et entérite hémorragique, oedèmes sous l'auge – signe de la bouteille -, sous le poitrail et oedèmes des plis de la caillette, congestion des reins et hématurie).
Le tour du pré où elle séjournait a permis d'identifier un chêne pédonculé dont les fruits sont toxiques. L'intoxication ayant eu lieu au printemps, il est probable que ce soient de jeunes pousses qui aient été ingérées en grande quantité, même si seuls des cupules de glands ont été trouvées dans le rumen. En général, seuls certains animaux apparemment atteints d'une véritable toxicomanie recherchent et consomment les glands en grandes quantités. Dans le cas décrit, une seule génisse du lot en pâture a présenté des symptômes et en est morte. Les autres n'ont pas été malades.
En l'absence d'herbe, les animaux peuvent chercher à brouter dans les haies et risquent d'y ingérer des plantes toxiques. © SÉBASTIEN CHAMPION
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